Transformer les Périodes Creuses en Tremplin pour votre Art
Je traverse depuis plus d’un an une période de ma carrière artistique où les choses semblent plus calmes en apparence.
J’avais déjà vécu de ces périodes “creuses”… Mais cette fois, je ne la vis plus comme un “creux” à combler.
Je la vis comme un moment de reprise de pouvoir.
C’est une transition importante que je suis en train de vivre : celle d’un passage du lyrique vers la comédie musicale, d’un répertoire de jeune première vers des rôles de femmes plus mûres, plus incarnées, plus complexes.
C’est un passage qui demande de désapprendre, de se réinventer, de choisir consciemment ce que je veux garder — et ce que je veux laisser partir.
Longtemps, j’ai perçu ces temps d’arrêt comme des pannes, comme si la vie m’avait mise sur pause.
Aujourd’hui, je les vois pour ce qu’ils sont : des espaces d’évolution, où l’on reprend la main sur sa narration.
Je choisis de ne plus subir cette phase, mais de l’habiter, de la rendre fertile.
Et c’est exactement ce que j’avais envie de partager ici : les pistes, les pratiques et les réflexions que j’utilise moi-même pour prendre soin de moi et de mon art dans cette période.
Parce que quand on apprend à traverser les silences sans s’en effrayer, ils deviennent souvent le tremplin le plus puissant vers la suite.
Voici donc quelques directions que vous pouvez prendre pour vous y aider…
1. Changer le sens que vous donnez au “vide”
Il y a ces moments suspendus où la vie de l’artiste semble se mettre entre parenthèses. La boîte mail reste muette, le téléphone ne sonne plus, et l’énergie d’hier paraît s’être évanouie dans un grand soupir.
On guette un signe de l’extérieur — un projet, une audition, un message — comme si la relance devait venir de là.
Et pourtant… ce silence contient souvent tout ce dont vous avez besoin pour renaître autrement.
Les neurosciences nous rappellent que le cerveau n’aime pas l’incertitude : il cherche immédiatement à combler le vide. Mais dans cette agitation mentale, vous risquez de passer à côté de ce que cette phase cherche à vous dire.
Et si ce moment n’était pas une punition, mais un espace de réinitialisation ? Un entre-deux nécessaire pour laisser tomber les anciennes peaux et retrouver la justesse de votre direction ?
Voici quelques questions à vous poser :
Et si ce vide n’était pas contre moi, mais pour moi ?
Que cherche-t-il à me faire entendre que je refusais d’écouter quand tout allait vite ?
Ansel Elgort - “Something’s Coming” – West Side Story (Stephen Sondheim / Leonard Bernstein)
Dans cet extrait de West Side Story, Tony pressent que “quelque chose va venir”, sans savoir quoi. Une magnifique métaphore de l’intuition qui précède le renouveau.
Cette chanson illustre à merveille ce que vit l’artiste dans les moments calmes : la vibration d’une attente féconde. Rien n’est encore visible, mais tout est déjà en train de s’aligner.
2. Comprendre et accueillir la phase “plateau” du cerveau créatif
Il y a des saisons où l’on a l’impression de régresser, où les efforts ne portent plus, où la voix tremble sans raison, où le texte n’a plus d’élan...
Mais si vous regardiez cette phase autrement — non pas comme un échec ou le signe que vous ne faites pas ce qu’il faudrait, mais comme une phase d’intégration ?
Le cerveau, lorsqu’il apprend, alterne entre des périodes de progrès rapides et des “plateaux” où il consolide les acquis. C’est l’instant où les connexions se stabilisent, se consolident, pour permettre le saut suivant.
Ce qui semble inactif est en réalité une activité interne intense.
C’est un peu comme dans “The Sound of Music”, lorsque Maria quitte le couvent, confuse, tiraillée, avant de trouver sa vraie voie.
Dans cette période de doute, tout son monde intérieur se réorganise — et c’est précisément ce mouvement invisible qui prépare la révélation suivante.
“I Have Confidence” – Julie Andrews descendant la colline, chantant la peur et la foi tout à la fois.
Ce morceau est une ode à la phase-plateau : la foi avant le résultat.
C’est là que tout se joue. C’est là que la transformation s’ancre.
Voici quelques questions à vous poser dans ces moments-là :
Si cette impression de stagnation était simplement le signe que mon cerveau est en train de recâbler sa façon de créer, pourrais-je lui faire confiance un instant de plus ?
Comment pourrais-je le soutenir dans son travail intense et lui montrer mon soutien?
3. Cultiver la disponibilité plutôt que la tension
On croit souvent qu’il faut “faire plus” pour sortir d’un creux. Plus d’auditions, plus de mails, plus de candidatures, plus de travail sur ses réseaux...
Mais ce “plus” permanent épuise le système nerveux et coupe l’accès à la créativité.
Le cerveau a besoin de repos actif : de moments où l’attention se relâche, où l’imaginaire reprend le pouvoir.
Les études en neurosciences montrent que les meilleures idées naissent quand on se met en ondes alpha : ce moment suspendu entre veille et rêverie, entre conscient et subconscient, comme quand on fredonne sans réfléchir en se préparant un café.
C’est LÀ que la magie opère.
Vous souvenez-vous d’Elphaba dans “Defying Gravity” (Wicked) ?
Elle cesse de plaire, de s’ajuster, de lutter contre ce qu’on attend d’elle.
Elle choisit de lâcher, littéralement. Et c’est en lâchant qu’elle s’envole…
Idina Menzel - Defying Gravity “Wicked”
Cet air, c’est le symbole parfait du moment où l’énergie se libère quand on cesse de vouloir contrôler le vent.
Et si vous vous offriez du temps sans but chaque jour?
Du temps volontairement improductif; parce qu’après tout, nous ne sommes pas des machines à produire plus.
Pendant ces temps précieux, respirez, laissez vos pensées passer, observez-les, sans les juger, avec bienveillance, curiosité, fascination…
C’est souvent dans ces instants “inutiles” que naissent les idées les plus fertiles.
4. Renouer avec la version de vous qui désire
Quand on est dans la roue de hamster, on oublie parfois pourquoi on 's’était lancé.e.s dans notre art. On devient technicien de sa discipline, gestionnaire de sa survie, plutôt qu’amoureux.se de notre art.
Mais les pauses ont le pouvoir de nous ramener à la source du désir.
Imaginez-vous dans quelques mois, revenu·e sur scène, ou dans un projet profondément juste, sur mesure pour VOUS.
Que ressent cette version de vous ? Comment se tient-elle ? Que sait-elle déjà que vous ignorez encore ?
Le cerveau, lorsqu’il visualise une scène effectivement vécue ou simplement imaginée, active les mêmes zones.
Autrement dit, la visualisation consciente crée les chemins neuronaux de notre réalisation avant même qu’on ne l’ait réalisée! Fascinant, non?
Voici quelques questions à vous poser pour vous aider à renouer avec votre désir :
Que ferait ma version la plus confiante, la plus libre, aujourd’hui, à ma place ?
Si ma boussole était calibrée sur mon désir, que m’indiquerait-elle de vivre aujourd’hui?
Quelles expériences de vie m’intimerait-elle d’embrasser? Vers quelles réalisations m’accompagnerait-elle?
Kara Lindsay & Liana Hunt - "Watch What Happens" (Newsies; Alan Menken & Jack Feldman)
Dans cet extrait de Newsies, Katherine décide d’agir, de reprendre le pouvoir sur sa narration…
C’est une chanson d’élan, d’audace et de retour à soi : la parfaite bande-son du moment où vous choisissez d’avancer, même sans garantie.
Parce qu’à un moment, il ne s’agit plus d’attendre. Il s’agit de se lancer!
5. Ritualiser la renaissance
Chaque renaissance a besoin d’un symbole, un geste, une musique, un mot, un objet qui marque le passage.
Sans cela, le cerveau reste accroché à l’ancien récit : il continue à rejouer la peur, l’échec, la perte.
Les rituels sont puissants car ils donnent un sens narratif au changement. Ils ancrent la transition dans le corps.
Peu importe comment tant que ce rituel parle à vos sens: allumez une bougie, écrivez une lettre à la main à votre futur vous, adoptez un nouveau parfum ou créez une playlist intitulée “My Comeback”…
Ces rituels n’ont rien d’anodin: c’est une reprogrammation douce, mais réelle, du système nerveux.
Et souvenez-vous: vous ne repartez pas de zéro, vous repartez de l’expérience… Vous renaissez, fort.e de vos vies passées.
Elain Stritch - “I'm Still Here” from Follies (Sondheim)
J’adore ce manifeste de résilience… Parce qu’à la fin, il ne s’agit pas d’avoir tout “réussi” ou “gagné”, il s’agit d’être encore là, debout, vibrant.e!
Les creux, ce tremplin invisible…
Les périodes creuses ne sont jamais de simples absences: elles sont la respiration de votre trajectoire, le battement secret entre deux actes.
Ce sont elles qui, discrètement, vous redonnent la force de chanter, de jouer, de croire. Elles vous ramènent à l’essentiel : le feu qui brûle en dessous de tout.
Alors, la prochaine fois que le silence s’installe, souvenez-vous : le rideau n’est pas tombé, il attend simplement que vous repreniez votre souffle avant le prochain lever.
Et si c’était l’occasion de prendre de l’élan pour vous aussi ?
Si vous vous reconnaissez dans ces mots — si vous êtes dans une phase de transition, d’attente ou de redéfinition de votre place — sachez qu’il n’y a rien de “cassé” en vous ou dans le cours de votre carrière.
Vous êtes simplement en train de vous réaccorder.
C’est exactement ce que j’accompagne dans mes programmes de coaching : ce passage d’un état à l’autre, ce moment où tout semble flou mais où tout se prépare. Je vous aide à y voir clair, à retrouver votre énergie, à transformer ce creux en élan.
Parce que ce que vous vivez n’est pas une parenthèse : c’est le début d’un nouveau chapitre artistique, et il mérite qu’on le traverse avec conscience, douceur et puissance.